Ciné : Sonic the Hedgehog

Cette année n’aura clairement pas été celle à laquelle je me serai rendu le plus au cinéma, un peu comme l’ensemble du monde d’ailleurs.
Sur mon ancien blog, j’aimais bien procéder à des “critiques” de films qu’il m’arrivait de regarder, même si n’étant aucunement sensible aux codes cinématographiques et m'”enjaillant” encore et toujours à regarder des films crétins (Transformers, copain!) dans le seul but de me divertir.

Même si l’affaire peut paraître entendue, attendu que n’importe quel film peut être divertissant avec des critères aussi élémentaires, force est de constater que ça n’est absolument pas gagné d’avance et que sous des dehors spécialement idiots, je peux passer un bien mauvais moment à mater un gros film de bagarre avec lequel la sauce ne prend pas, qu’un fort bon moment bien plus intéressant qu’il n’y paraît sur un film d’apparence débile mais qui a su donner ce qu’il faut à ses protagonistes.

Enfin bref, je m’égare, aujourd’hui, on va parler de Sonic, sorti en février 2020.

Dire que l’affaire n’était pas gagnée d’avance serait un euphémisme. En effet, courant avril 2019, une première bande-annonce avait circulé.
Comme de bien entendu avec ces crevards de geeks, ça a été une levée de boucliers instantanée : un film Sonic, comme toutes les adaptations de jeu vidéo, ça va être une daube, scandale, c’est pas fait pour être transposé en film…

Bon, en vérité, j’ai moi-même en bon geek convaincu haussé les sourcils et aspiré l’air entre mes dents serrées (le même truc que vous faites quand quelqu’un se vautre salement, j’sais pas si vous voyez) en repensant immanquablement au massacre de Dragon Ball Evolution, sombre merde qui ne peut pas prétendre à l’étiquette “adaptation” tellement l’ensemble est mauvais.
Enfin bref, arrive la bande-annonce, et horreur, malheur, voilà à quoi ressemble Sonic :

Les amis anglophones parleraient de “the stuff of nightmares”, la substance dont sont faits les cauchemars. Connaissez-vous le principe de l’Uncanny Valley, la “vallée dérangeante” comme ça a été traduit? Enfin, de bukimi no tani genshō en japonais dont l’expression est originaire?

C’est une théorie selon laquelle, en gros, plus l’on se rapproche des traits humains sur une créature humanoïde et plus ses imperfections nous hurlent au visage.

C’est ce qui fait, par exemple, que ceci :

Nous semble une atroce imitation d’humain, avec un genre de curiosité mêlée de dégoût (et c’est encore pire en mouvement), alors que ceci :

Un peu moins, et ceci :

Encore moins. C’est un sujet très riche que je vous encourage à explorer, c’est fou comment fonctionne l’esprit humain.

Bref, ce premier Sonic n’allait pas, mais alors pas DU TOUT le faire : trop de mélange d’humain dans sa face (ses yeux, putain, ses horribles yeux de drogué) en plus de diverses petites choses difficiles à identifier quand on n’est pas dans le métier, comme l’intégration dans le décor au niveau des couleurs qui était en léger décalage – heureusement, des gars comme le Corridor Crew ont fait une analyse de ce qui coinçait pour aider les béotiens comme moi à voir ce qui n’allait pas.

De plus, surprise : Jim Carrey, l’immense Jim Carrey… En Docteur Robotnik? Pardon? On se rappelle juste que Robotnik, c’est ça :

Et que dans cette bande-annonce, Robotnik ressemble à ça :

Ceci mis bout à bout permettait de s’attendre à une jolie catastrophe à plusieurs millions de dollars et, une fois que l’horreur s’est calmée, le monde a repris sa rotation en attendant que le film n’arrive.

Puis, fin 2019, annonce : tout le travail de CGI de Sonic va être repris de zéro. Ce qui donna un Sonic nettement, infiniment moins horrible :

En lui rendant son côté cartoonesque, d’un seul coup ça se passe mieux. Mais naufrage attendu quand même, faut pas déconner non plus : si l’être humain a bien prouvé une aptitude à laquelle il excelle, c’est bien celle de cracher dans la soupe, alors, crachons!

Côté casting, à par Robotnik joué par Jim Carrey, nous avons aussi James Marsden, dont la tronche me disait quelque chose sans savoir où je l’avais vu… Et en effet, merci IMDB, sans les lunettes, j’avais du mal à reconnaître Cyclops / Scott Summers des films X-Men des années 2000, et sans sa barbe et son chapeau, Teddy de la série Westworld.

Quant au reste du casting… C’est un néant absolu en ce qui me concerne, à part la brève apparition de Neal McDonough, Damian Darhk dans la série Arrow, Sean Cahill dans Suits ou encore un personnage dans Desperate Housewives.
Le peu de personnages restant est inconnu chez moi.

Alors, naufrage ou pas?

L’histoire tient sur une feuille de papier à cigarette, raison pour laquelle je ne vais pas vous en parler.
Ne vous attendez pas à un grand film : c’est léger, limite vide, sans grande imagination, sans aucun twist, notamment à cause comme trop souvent de la bande-annonce qui spoile tout.

Les personnages sont des fonctions qu’ils ont tenté d’étoffer sans grand succès, et à la vérité, on s’en contrefout du début à la fin. Et pourtant, ils essayent! Sonic est solitaire pour certaines raisons, on essaye par ses yeux de nous montrer le quotidien de Tom (James Marsden) et la petite communauté de Green Hills (ouiiii comme dans le jeu hiiii). Jusqu’au moment où un évènement très moyennement bien écrit déclenche l’arrivée du Docteur Robotnik qui va semer la zizanie en se lançant à la poursuite de Sonic, jusqu’à San Francisco.

Ce que je peux vous dire, c’est que comme je n’en attendais rien, au final, je ne suis que très peu déçu. Il n’était pas évident de faire un truc satisfaisant, surtout attendu au tournant comme l’était ce film et comme l’est d’ailleurs toute adaptation d’un produit de pop-culture.

Les effets spéciaux sont efficaces, pas les plus propres mais ils font le boulot, dommage que X-Men soit passé par là pour le coup du “money shot” au ralenti qui est éventé dès qu’il commence, mais difficile aussi de faire autrement pour parler de la vitesse de Sonic (mais je n’ai aussi aucune imagination, ce qui n’aide pas).

Il y a quelques fulgurances de personnages délicieusement absurdes, comme la belle-soeur de Tom qui est en orbite du début à la fin, et certains dialogues savoureux (“vous avez votre enfant dans ce sac?” “oui, enfin, c’est un enfant, mais c’est pas le mien”) qui sont plutôt inattendus et bienvenus, et la prestation de Jim Carrey, qui “fait du Jim Carrey” avec force mimiques et répliques cinglantes que j’ai trouvé plutôt à propos dans le cadre du personnage de Robotnik (mais d’aucuns se plaindront que gnagna c’est pas ça Robotnik, ouais, mais “je suis méchant et je veux contrôler le monde”, c’est pas non plus le meilleur moyen d’étoffer un personnage).

Tout ceci, finalement, se regarde. On ne tombe à aucun moment de son siège, c’est propret, ça ne fait pas de vague et c’est un film “qu’on a vu ouais”. Pas de gros risques… Vraiment? En fait, vu les attentes derrière, je trouve que s’en sortir avec ce résultat-là n’est pas si mal. Bien sûr, y’aurait pu avoir mieux. Mais y’aurait tellement pu avoir pire que pour le moment, je m’en contenterai.

Allez, Sonic, j’te file la moyenne. Et pour la transformation de Robotnik sur le plan de fin, j’te file un point bonus!