Potager du ghetto, épisode 3

Il s’en est passé des choses depuis l’épisode 2! Et pas forcément des bonnes, alors par où commence-t-on?
Mes petits plants étant a priori parés pour la terre, j’ai donc retourné, déraciné et égalisé comme j’ai pu mon lopin de terre.
Parallèlement à ça, j’ai rassemblé quelques jours de marc de café, en tant qu’engrais, parce que vox populi me l’a dit.
Et il semble que ça ne rende pas la terre plus acide, comme je pensais que c’était le cas (des fois, tu te trompes, vox populi mon ami). La cendre, par contre, ouais, et il ne vaut mieux pas tenter la culture des tomates sur un sol trop acide (ce qui est ballot, parce que j’ai 2 kilos de cendre dont je ne sais que faire pour le moment).

J’ai découvert la chaîne youtube Self-sufficient me, qui m’a appris des trucs bien pratiques même si je n’ai pas écumé ses vidéos (la suite vous montrera que j’aurais peut-être dû).

Bon alors, me voilà paré avec mon matos, mon short de sport, le t-shirt de sport le moins assorti, le bob sur les oreilles et les bottes en caoutchouc aux pieds : Mode, tiens-toi prête, je vais te massacrer.

Ca fait sérieux, hein?! Bah en fait, ça ne fait pas tout.

Les rouleaux anciens parlent de planter des tuteurs, puis de planter les plants, s’que sinon, ça endommage les racines.
Les rouleaux anciens faisant donc preuve d’un bon sens tout paysan (paysan qui se foutrait bien de moi comme il faut, et il aurait le droit, mais en attendant j’te prends sur Apex Legends poto – nan, je rage pas), j’ai donc attrapé mes meilleurs bouts de bois afin d’en faire de jolis tuteurs :

This is la matière première of mes tuteurs. Si jamais t’avais pas compris.
This is mes tuteurs. Le plus grand fait genre 1m30. OUAIS BAH JE FAIS C’QUE CH’PEUX OKAY?!

Là-dessus, je sors mon super maillet en caoutchouc qui pue (véridique), puis je commence à planter mes tuteurs.
Environ deux grosses secondes après le premier coup de maillet, je me rends compte que les tuteurs sont trop souples et que le maillet ne sert à rien.
Ce qui me chafouine, parce que depuis que je l’ai acheté, je crois qu’il ne m’a jamais servi à rien, à part empuantir une pièce. Mais bref.

Je bande mes biceps, ce qui ne sert à rien dans le cas présent parce que ce sont plutôt les triceps qui vont bosser, et j’enfonce copieusement un à un les tuteurs dans la terre (oui, parce que les lancer en l’air ne tutore finalement pas des masses).
Après avoir fait en sorte de propulser mon quintal bien pesé sur le bois, j’ai rentré l’ensemble des tuteurs entre 20 et 30cm sous la terre, de manière à pouvoir leur coller une bonne beigne sans que ça ne bouge (chacun son test, hein).

Puis, précautionneusement, je sors un plant de son petit pot trop mimi choupinou.
Alors là tout de suite, je peux vous le dire avec certitude, c’est une belle connerie : j’aurais dû embarquer toute la terre du pot à semis au lieu de séparer les racines. ‘fin, je pense. Je verrai la prochaine fois, mais je pense que c’était une belle boulette.

Ils sont mignons, hein.
Cette griffe est pénible à manier, mais permet une meilleure précision qu’une bêche, un tractopelle ou une tête nucléaire. On en apprend tous les jours.

Donc, au pied de mes tuteurs, je creuse sur genre 10-15 cm, je positionne les racines, je mets une grosse poignée de terreau :

Avant de recouvrir (de terre, pas de yaourt), puis je pète un plomb en attachant les pieds aux tuteurs, en utilisant de la ficelle quelconque, de gros doigts boudinés et une patience dont si l’épaisseur pouvait se mesurer, serait celle d’une feuille de papier à cigarette :

Deuxième grosse boulette : mal attacher les plants. Comme vous voyez, ça fait tout agglutiné et les feuilles ne sont pas déployées. Ca n’a pas loupé, vous verrez après.

Enfin, je mets un petit tas de marc de café autour du pied.

3 juin 2020 : s’partchi.

Voilà ce que ça donnait, et j’étais assez content de la tête que ça avait.
par la suite, j’ai arrosé tranquillement, un peu tous les jours (au pulvérisateur à pression préalable, pour ne pas mouiller les feuilles ni noyer).

Et là, vous voyez ma troisième erreur : les plants étaient encore beaucoup trop petits!

Plants séparés de leur terre de pot, mal tutorés et trop jeunes, immanquablement 4 jours plus tard :

7 juin 2020 : la tristesse.

Je ne suis à ce moment-là guère content et je me sens même complètement débile : tout le monde dit que c’est facile et que ça pousse tout seul, et moi, je rate ça sans comprendre (encore) pourquoi.
Mais! Meeeh! Je n’abandonne pas, oh non, hardi petit. Arrive à ce moment de mon histoire mon excellent voisin, qui me donne des pieds “qui ont poussé tout seul”. Gnégnégné. Pieds qui ressemblent à ça :

Ah bah d’un coup, je comprends mieux pourquoi ça ne pousse pas! Regardez en comparaison mon plant à droite : il est tout péteux!
Bon, eh bah pisque c’est comme ça, je remplace les plants les plus péteux (certains étaient rachitiques, mais en forme, d’autres complètement crevés).

Je me suis rencardé un peu sur “comment repiquer des plants de tomates” (oui, quand c’est trop tard, j’y vais, moi), et j’apprends qu’il ne faut pas planter les plants verticalement, mais :
– Couper les branches et les feuilles les plus basses (pour ne pas leur faire choper le mildiou), sur genre 10-15cm;
– Planter la partie inférieure à l’horizontale (ou presque) de manière à ce que les petits poils sur le “tronc” donnent de nouvelles racines.

7 juin 2020, après repiquage. Espoir.

Sur cette photo, je viens tout juste de les planter. Comme vous pouvez le voir, ils ne sont déjà pas gaillards, bien que beaucoup plus matures.
Et dans le doute, je n’ai pas mis de marc de café, sait-on jamais.
J’ai également utilisé ma super jardinière dans le fond pour “enrouler” les plants sans les attacher autour des croisillons.

A noter que je me suis encore loupé dans le tuteurage, notamment dans celui du troisième groupe de plants à gauche : c’est trop dense.

Deux jours après, le résultat n’est toujours pas fameux :

9 juin 2020 : je suis sûr d’avoir entendu des “tuez-moi”.

Je me creuse la soupière avant d’avoir l’idée géniale d’acheter de l’engrais “naturel” “coup de fouet”. Le genre de truc où il est marqué en tout petit “poto si tu rates avec ça, arrête tout”.
Le côté naturel m’a immédiatement sauté au nez quand j’ai ouvert le sachet plastique : aucun doute, c’est pas de synthèse.
Avez-vous déjà senti l’odeur des tas de limon pleins de guano en bord de mer, quand il a fait super humide?
Bah imaginez ça, mais sous stéroïdes. C’est odieux.
Je lis sur la notice que pour les plants, gnagnagna, dosette, gnagnagna -putain ce que ça renifle- répandre autour du pied gnagna. OK.
Pan dosette (une petite pyramide en carton, quoi), hop je verse – DE DIEU QUE CA PUE – et hop je mets un petit peu autour des pieds.
Allez, t’y crois, un truc qui schlingue comme ça, ça peut qu’être efficace.

Dix jours plus tard, continuant de m’en occuper du mieux que je peux, les plants survivent tant bien que mal. Le coup de fouet est certainement en RTT ou alors y’avait un trou dans la boîte et il est resté dans le rayon chez Leroy Merlin.

19 juin 2020 : notez que seuls survivent encore les plants de mon voisin, sauf un.
Jouons à un jeu : trouve le plant sur cette image.
Celui-ci a perdu une branche pour cause de mauvais tuteurage. A ce rythme-là, j’espère alors avoir des fleurs d’ici dix ans et des tomates dans quinze.
On dirait un pendu. C’est sinistre. Bouh.

Arrive alors mon deuxième joker : mon voisin (ouais, c’est une carte spéciale qu’on peut rappeler dans le jeu). Devinez quoi? Il a encore des pieds qu’il va jeter. Si vous trouvez ça étonnant, sachez qu’il prépare plus de 90 pots à semis chaque année dans sa serre, donc on ne joue pas dans la même cour. Et c’est un particulier, pas un agriculteur!

19 juin 2020 toujours : yay, plein d’occasions de se rater allègrement!

Je tente un truc qui, d’après vox populi toujours, marche nickel tip-top bien pour les tomates : une poignée de feuilles d’orties au fond du trou, avant de planter.
Cette poignée faisant office d’engrais, je mets de mon concentré de l’enfer en petite quantité au fond des autres plants que je repique :

Le truc blanc poussiéreux, c’est l’engrais démoniaque. Ne vous fiez pas à son aspect inoffensif.

Et cette fois, enfin, je me déchire sur le tuteurage :

19 juin 2020, troisième édition : pour tout le monde, c’est un truc normal, mais pour moi, c’est un chef d’oeuvre.

20 juin : on tond la pelouse. Je crois avoir lu quelque part qu’un paillage autour des pieds permet de limiter la sécheresse environnante. Bon, bah on essaye.
De plus, le grand soleil est enfin là (il n’y a pas eu une seule période durable de soleil depuis des mois, juste des éclaircies).

24 juin 2020 : voilà où on en est!

J’ai constaté que les jours suivant le repiquage, tous les plants tirent la même sale tronche, avant de reprendre vie de bas en haut (et je trouve ça rigolo).
A ce jour, ça se passe plutôt bien et des fleurs se pointent tout doucement.

Affaire à suivre…

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