Potager du ghetto, épisode 2

C’est cuit! Enfin, dans le bon sens : mes plants ont assez poussé pour passer à l’étape suivante de mon plan machiavélique : planter mes rejetons démoniaques dans une terre plus fertile afin de partir derechef à la conquête du monde (et surtout avoir des tomates, c’est quand même ça l’idée, j’élève pas des tomates pour avoir des conserves de thon, soyons logiques).
Enfin, d’abord, objectif jardinière, puis jardin, puis conquête du monde, procédons par étapes, voulez-vous?

La jardinière, donc, comme le reste, j’ai pas. Par contre, j’ai plein d’idées foireuses, des planches, des clous, des vis, une perceuse, un marteau et des doigts.
Si d’ailleurs l’avant-dernier pouvait laisser les derniers tranquilles, je lui en serais reconnaissant, la dernière fois, ça m’a coûté un ongle de pouce, ces histoires. Et j’le connais le marteau, je sais que c’était prémédité.

Bref, j’ai de la planche de récupération (je vous rappelle que les magasins sont encore fermés, en cette période de confinement) et je me suis donc attelé à faire un truc qui peut contenir de la terre en qualité de bac intermédiaire entre les semis et le jardin.
Assez miraculeusement, j’ai réussi à manipuler perceuse, scie sauteuse et clous sans transformer mon atelier en boucherie – une victoire est une victoire – et voici donc venu l’heure de vous présenter la jardinière du ghetto, mark I, répondant au doux nom de Cunégonde :

Le sécateur n’est pas lié à la fabrication, c’est juste pour l’échelle.

Cunégonde fait donc 60 x 30 x 30 (centimètres, hein, pas litres) et va servir tout à la fois d’école primaire, collège et lycée à mes plants.
Le fouillis blanc au fond est une récupération de bâche protectrice de peinture, précisément celle-ci, que j’avais donc sous la main, mais qui n’est pas destinée à durer (je recommande le modèle au-dessus, plus épais donc plus durable).
A vrai dire, si Cunégonde tient jusqu’à la fin de l’année, ça sera déjà une victoire, mais on avisera.
Toujours est-il que Cuné (son petit nom) étant en bois, je la crois d’ores et déjà capricieuse au regard de l’eau, d’où la protection plastique à l’intérieur.

J’ai fixé les bords de la bâche à l’extérieur de Cuné avec du scotch de peintre (“j’avais que ça” est à peu près ma raison d’être en ce moment) avant de m’attaquer au treillage.
Vous pensez bien que du treillage, j’en ai point, mais j’ai par contre au bout de mon jardin un lilas blanc modèle géant (il doit faire 5m de haut, le bazar) qui fait des branches à peu près droites. L’ayant ratiboisé plus tôt dans l’année, j’ai conservé les branches et je me suis donc attelé à faire le treillage de la tristesse mais que j’ai bon espoir de voir remplir son rôle. ‘Gade ça :

D’accord, “à peu près droites” était peut-être un peu optimiste, mais franchement, à la fin, ça passe. Le processus de montage que j’ai utilisé consiste à positionner les verticaux d’abord (même si là, c’est les horizontaux… Attends, ça s’éclaircit après, pose ce couteau), puis passer un par un les horizontaux (pose ce couteau, te dis-je), plus fins, et plus souples, en alternant les dessus et dessous.
Petite précision : j’ai placé les branches les plus robustes au centre, pour faire une rigidité centrale.

J’ai sciemment laissé une portion de 30cm à gauche, c’est parce que c’est la partie qui sera plantée en terre, et si déjà j’ai peu d’espoirs que l’ensemble soit robuste, j’ai préféré ne pas rogner sur cette partie pour que le treillage soit enfoui le plus loin possib’ dans la terre. Afin qu’il soit plus stab’, vois-tu.

Au fait, si y’a deux peaux de bananes, c’est parce 1) j’aime beaucoup les bananes et 2) ça fait pas de mal de les laisser se décomposer dans la terre, ce qui la nourrit.

Pro tip : enfilez les horizontaux depuis “la droite”, c’est moins pénible que de les passer “par le bas”.

Ensuite, j’ai utilisé un fil de fer de petit diamètre (0,8mm de mémoire) à chaque intersection, car la courbure des branches leur donnait envie de se barrer par endroit, surtout sur les côtés. Donc, hop, un petit noeud métallique aux 34 intersections. Pénible, mais ça a aidé. Et heureusement que j’ai pas pris du fer à béton pour faire les noeuds.

Ceci fait, j’ai décidé de faire “ceinture et bretelles” en ajoutant un bon gros X avec des branches encore plus grosses derrière le treillage, également rattaché à la structure principale par des croisillons en fer, histoire non seulement de rigidifier un ch’tit peu l’ensemble, et d’avoir un peu plus de prise en terre, car je me suis rendu compte que la première traverse horizontale “tapait” le bord de Cunégonde.

Ceci fait, je suis allé chercher une petite moitié de terre dans eul’jardin (moment où je me suis félicité de ne pas avoir fait ça avec une jardinière de 4 mètres par 3, mon dos n’aurait pas aimé), de la sorte :

A droite, c’est un agenouilloir. Parce que c’est pas parce que tu colle des coups de genou dans le menton des gens que tu dois pas en prendre soin. Des genoux.

Une fois mélangé à 50% de terreau, et le treillage planté, tadaaaa :

Ca commence à ressembler à kekchoz, nan?

Ceci fait, je suis parti chercher mes semis, qui ont bien poussé :

Ensuite, je me suis galéré tout pareil que la dernière fois à transvaser (rempoter?) les plants les plus prometteurs, cette fois vers Cunégonde.

L’avantage, c’est que cette fois, les tiges sont suffisamment costaudes pour supporter qu’on leur tire un peu dessus, et il n’y a pas trop le choix au vu de l’agglomérat de terre qui vient avec lors de la sortie de pot.
Ceci dit, j’ai de nouveau eu l’impression de désamorcer une bombe tant la manoeuvre a requis mon attention…

Au final, voici ce que ça a donné :

En alternant les plants devant et derrière les verticaux, j’ai pris le pari de la densité, à voir si j’ai tué tout le monde ou pas. De toute façon, je n’ai jeté aucun plant, qui vont rester dans le garage de manière à ne pas grandir, mais sans mourir pour autant (enfin, c’est le plan…).

Si vous êtes des déglingos, vous pouvez y aller comme ça (peut-être en couvrant votre Cunégonde de plastique), mais j’ai pris le parti “petit bras” de protéger mes jeunes plants des intempéries en recouvrant Cuné d’un voile pudique, avec la même bâche que celle qui tapisse le fond.
Comme c’est une bâche d’entrée de gamme (j’ai pas dit “pourrave”), j’ai “protégé” cette dernière des extrémités du treillage avec un montage qui est certainement le plus ghetto de tout le projet à ce jour :

C‘est du papier de bourrage pour les colis et du scotch de peintre, oui oui. Ca va finir en terreau fissa à mon avis, mais c’est pour ma tranquillité d’esprit.

Ceci fait, j’ai procédé à l’installation d’un astucieux (et probablement absolument foireux) système d’irrigation, à savoir une bouteille au bouchon percé en croix, retournée et plantée dans la terre :

Le fond de la bouteille, que j’ai coupé au cutter (demande de l’aide à tes parents), est retourné et réinséré histoire que toute l’eau ne s’évapore pas lorsque le soleil tapera sur cette serre improvisée. Aucune idée de l’utilité, on verra.

Ceci fait, j’ai fait le tailleur et ai recouvert Cuné de sa robe de soirée, avec ourlets et tout, avant de la sortir dans son lieu de villégiature final :

A noter que, bois oblige, j’ai taillé la bâche de manière à ce qu’elle soit rabattue sous Cunégonde (pas visible ici), et elle n’est pas posée à même le béton, mais dispose de 4 pieds amovibles (des bouts de béton cassé, oui) grâce auxquels le bois est épargné de la pluie.

J’ai par la suite lié par un fil en nylon le treillage au robinet qui se trouve derrière, histoire qu’un coup de vent ne renverse pas tout via un malencontreux effet “voile de bateau”.

Reste plus qu’à voir ce que ça va raconter! C’est tout pour cet épisode 2!

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